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Carson Avenue, entre les sourires artificiels du labo de facettes et l’odeur de pourriture de la ruelle adjacente, abrite une façade qui n’attire jamais les regards : Bright Wash Laundry. Une enseigne qui clignote comme un insecte en train de mourir, des vitres embuées par la vapeur des machines, et cette impression qu’ici, tout est un peu trop silencieux pour être honnête.

Derrière la buée, trois silhouettes forment un trio improbable. Pas des caïds de cinéma, pas des figures mythiques, juste des marginaux qui ont trouvé un sens dans la crasse des autres.

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Le premier, Kang Dae-ho, est une montagne sur deux jambes, quadragénaire taillé comme une brute de salle de muscu. Ses épaules sont trop larges pour les chemises qu’il porte, et ses cheveux longs tombent en cascade sur une épaule, parfois plaqués en arrière quand il s’applique à avoir l’air présentable. Une paire de lunettes de soleil violette cache un regard qu’il n’a jamais su adoucir. Dae-ho n’est pas un stratège : il est le poids, le silence, l’ombre. Quand il pose ses mains sur une liasse de billets, on croirait qu’il va les écraser par inadvertance.

Le second, Park Il-sung, la cinquantaine fatiguée, est tout son contraire. Sec comme une tige, les joues creuses, la peau marquée par la cigarette et des nuits sans sommeil. Ses yeux cernés semblent toujours compter quelque chose : des billets, des minutes, des dettes. Ses chemises sont froissées, ses doigts tremblent, mais son esprit reste d’une précision maladive. Il est l’horloger du groupe, celui qui fait tourner les machines et les chiffres, qui ajuste les comptes pour que rien ne déborde. Il parle trop, rit rarement, et toussote toujours, comme si son corps n’avait pas reçu le mémo qu’il fallait continuer à vivre.

Et puis il y a Choi Ji-yeon, la plus jeune, trente-huit ans, mais avec un visage où la fatigue s’est déjà incrustée comme une ride permanente. Elle a cette beauté âpre, celle qui ne cherche pas à plaire mais à intimider. Cheveux sombres coiffés à la va-vite, cigarette coincée au coin des lèvres, elle porte souvent des vestes trop larges, comme pour disparaître dans le décor. Ses gestes sont précis, lents, presque élégants, qu’elle repasse une chemise ou qu’elle règle un problème. Elle ne parle pas beaucoup, mais quand elle le fait, ses mots sont coupants, définitifs.

À eux trois, ils ne font pas de bruit. Pas de grosses voitures, pas de flingues brandis dans les rues. Ils lavent. Pas les vêtements — ou du moins, pas seulement. Ils lavent l’argent des petites équipes du secteur, des gangs qui n’ont pas accès aux banques ou aux sociétés-écrans sophistiquées.

Chez Bright Wash, l’argent entre froissé, sale, parfois taché de sang, et ressort plié au carré, parfumé au savon bon marché.

  • Bosko a changĂ© le titre en Bright Wash

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