The Third Institution
Il existe trois institutions dominantes pour les Irlando-Américains de Los Santos : l'Église catholique, le Parti démocrate, et la mafia. Tout le monde ne croit pas. Tout le monde n'adhère pas. Mais dans l'ensemble, presque tout le monde accepte ou tolère la présence de ces structures.
Les Irlando-Américains de l'Est de Los Santos vont à la messe le dimanche et s'adressent au prêtre pour organiser baptêmes, premières communions, mariages ou enterrements. Ils comptent sur leur chef de circonscription ou sur les délégués du Parti démocrate pour faire sauter une amende de stationnement, obtenir une dérogation d'urbanisme ou se repérer dans la bureaucratie municipale. Quant à la mafia, dans l'ensemble, ils font comme si elle n'existait pas.
Le crime organisé irlando-américain est un phénomène qui précède celui de la mafia italo-américaine, La Cosa Nostra. Il s'agit du plus ancien groupe criminel des États-Unis, avec une histoire documentée dans presque toutes les grandes villes du pays. Issu des gangs de rue exclusivement irlandais du Nord-Est au XIXe siècle, le crime organisé irlandais a prospéré avant et pendant la Prohibition. Grâce à leur sens des affaires, les Irlandais ont mis en place des circuits efficaces de contrebande d'alcool depuis l'Irlande jusqu'aux côtes du Nord-Est américain, ce qui a donné lieu à une période de richesse et d'expansion sans précédent.
La majorité des gangs de rue et organisations criminelles irlandaises se sont effondrés dans les années 1940. La concurrence directe avec les gangs italiens et leurs familles a mis fin à bon nombre d'entre eux.
Mais dès les années 1950 et 1960, les gangs irlandais du Nord-Est ont connu une résurgence. Cette nouvelle vague a vu émerger des organisations telles que le Winter Hill Gang, les Westies et la Charlestown Mob. Ces groupes se sont imposés comme des acteurs majeurs de l'underground criminel dans le Nord-Est américain pendant plusieurs décennies. Ils se sont implantés durablement dans les quartiers irlandais des grandes villes et ont entretenu des relations étroites avec les Cinq Familles de la mafia italo-américaine.
À un certain moment, en raison de leur niveau d'organisation jugé supérieur, les forces de l'ordre ont soupçonné des liens entre ces groupes et l'IRA provisoire, en pleine période de conflit nord-irlandais. Cette ère de soupçons et d'activités soutenues n'a toutefois duré qu'environ quatre décennies, avant que les unités spécialisées dans le crime organisé ne démantèlent largement ces structures à la fin des années 1980.
Le crime organisé irlando-américain à Los Santos remonte à l'époque de la Prohibition. Des contrebandiers irlando-américains ont envoyé des hommes dans le sud de San Andreas à la fin des années 1920 pour écouler de l'alcool illégal dans les zones rurales et urbaines défavorisées. Après le krach de 1929, certains mafieux irlando-américains se sont détachés pour fonder leurs propres organisations criminelles dans l'Est de Los Santos.
Davis
À l'ombre des grues rouillées et des entrepôts qui bordent les docks de Los Santos, Davis a accueilli de nombreux immigrés irlandais venus chercher du travail au port au début du XXe siècle. Jusque dans les années 60, il était tolérable d'avoir des pancartes indiquant "No Irish, No Blacks, No Dogs" à l'entrée de certains petits magasins du quartier. Dans ce climat de rejet, les Irlandais installés à proximité se sont repliés sur eux-mêmes, formant des noyaux durs, souvent familiaux, cherchant à exister par tous les moyens.
Les jeunes issus de la deuxième et troisième génération, frustrés, ambitieux, prêts à en découdre pour une place dans un monde qui ne voulait pas d'eux ont structuré les premières bandes locales. Mais la montée en puissance des gangs afro-américains, l'arrivée massive de drogues dures dans les années 80, et la guerre ouverte pour le contrôle des rues ont rapidement changé les règles. Trop petits, trop désorganisés, les groupes irlandais se sont retrouvés dépassés. Meurtres internes, arrestations en série, rivalités mal gérées : la plupart ont fini éclatés ou enterrés avant d'avoir construit quoi que ce soit de durable.
Des années 90 jusqu'à aujourd'hui, l'histoire s'est répétée sous une forme plus discrète. Quelques figures ont émergé du Midwest ou du Nord-Est, envoyées par des réseaux plus établis y voyant un vivier prometteur mais en vain. Presque tous ont déplacées ou abandonnées leurs opérations sans préavis. Quelques locaux subsistent, s'organisant en un petit réseau qui opère de manière isolée par appât du gain.